6                                             NOTICE
tat, ne réfléchissant pas que les changemens qu'ils dési­roient auroient été la source de nouveaux troubles et de nouveaux déchiremens.
En quittant l'université de Bourges, L'Estoile revint à Paris, et il épousa en 1569 la fille de Jean Baillon, baron de Bruyère, trésorier de l'épargne. II est pro­bable que ce fut vers cette époque qu'on lui acheta une charge d'audiencier de la chancellerie de Paris (0. Cette charge étoit assez conforme à ses goûts, en ce qu'elle ne le mettoit point dans la nécessité de se mêler aux factions qui désoloient le Royaume. Plus tard, lorsque la Ligue se forma, lorsque la carrière fut ouverte à toutes les ambitions, il ne chercha pas à sortir de sa sphère; il détesta Ia domination des Seize, mais ne se crut pas appelé à contribuer autrement que par ses vœux à leur renversement, et au rétablissement de l'au­torité du Roi. Il gémit sur les maux de sa patrie, mais il gémit toujours en secret, et ses registres furent les seuls confidens de son indignation, de ses craintes et de ses espérances. Il n'étoit pas né pour les temps de troubles; son caractère s'opposoit également à ce qu'il fût chef de parti, et à ce qu'il se soumît à l'impulsion des autres. Voici comment il se peint lui-même : « Mon « ame, dit-il, est libre et toute mienne, accoutumée à « se conduire à sa mode, non toutefois méchante et
(-) U n'y avoit eu d'abord qu'un seul grand audiencier pour toutes les chancelleries de France. Henri 11 supprima cette charge , et créa siz audienciers. Le premier étoit attaché à la chancellerie du Roi, le second à celle de Paris, les quatre autres aux chancelleries de Toulouse, de Dijon, de Bordeaux et de Rouen. Les audienciers avoient le titre de notaires et secrétaires du Roi ; ils signoient toutes les lettres de chancelleries, étoient chargés des recettes, etc. ( His­toire dt la chancellerie, de Tessereau. )
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